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折茂洋子 Orimo Yōko (1950-)

折茂洋子氏の略歴
https://konishi-zaidan.org/award/26th/orimo/

1950:埼玉県生まれ
1979:渡仏、以後パリ在住
2019:フランス国籍獲得
職業:作家・翻訳家

学歴
1974:早稲田大学仏文学科卒
1988:イエズス会私立神学大学哲学科卒
1998:パリ高等研究院ディプロム取得

著書・翻訳書

Yoko ORIMO

1950 : Née à Saitama, JAPON.
1979 : Arrivée en France.
2019 : Acquisition de la nationalité française.
Profession : Auteur, traductrice.

Formation
1974 : Licence ès Lettres (Université de Waseda à Tokyo).
1988 : Licence ès Philosophie (Centre Sèvres, Institut Supérieur Libre à Paris).
1998 : Diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à Paris (5ème Section).

Ouvrages publiés

Une galette en tableau, Maison franco-japonaise, 1995.
Le Shôbôgenzô de maître Dôgen –Un guide de lecture de l’œuvre majeure du bouddhisme Zen et de la philosophie japonaise, Editions Sully, 2003, 2014
La vraie Loi, Trésor de l’Œil – Textes choisis du Shôbôgenzô, Seuil, 2004.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 1, Editions Sully, 2005, 2012, 2021.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 2, Editions Sully, 2006.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 3, Editions Sully, 2007.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 4, Editions Sully, 2009.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 5, Editions Sully, 2011.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 6, Editions Sully, 2012.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 7, Editions Sully, 2013.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Tome 8, Editions Sully, 2016.
Comme la lune au milieu de l’eau –Art et spiritualité du Japon, Editions Sully, 2018.
Dôgen, Shôbôgenzô- La vraie Loi, Trésor de l’Œil, Edition intégrale bilingue, Editions Sully, 2019. (Prix de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).
Manga « DÔGEN, maître zen », Edition Sully, 2021.
Dôgen et la spiritualité de la résonance, Editions Sully, 2021.

 

Yoko ORIMO’s Profile
https://konishi-zaidan.org/en/award/26th/orimo/

1950: Born in Saitama
1979: Arrived at France and started living in Paris
2019: Acquired French citizenship
Profession: Author, Translator

Academic Background
1974: Graduated from the Department of French Studies at Waseda University
1988: Graduated from the School of Philosophy of a private Jesuit theological faculty
1998: Received diploma from Ecole Pratique des Hautes Etudes at Paris

Writings and Translations

 

Fukanzazengi [普勧坐禅儀] de Maître Dôgen

Sandôkai « L’harmonie entre la différence et l'égalité »
par Sekitô Kisen (700-790)

La transmission dans le zen
Être moine zen ?

Préceptes des moines et laïcs zen

Termes concernant moines et monastères (surtout dans le zen Sôtô)

Les "moines zen" aujourd'hui au Japon

 

Shôbôgenzô - La vraie Loi, Trésor de l'Œil
Maître Dôgen et Yoko Orimo

Le Shôbôgenzô du maître zen japonais Dôgen (1200-1253) est un patrimoine culturel sans égal. Il est l’expression unique du génie à la fois de son auteur, de l’enseignement bouddhique et de la culture japonaise. Considéré comme le cœur de la tradition du bouddhisme zen Sôtô, il outrepasse tout cadre géographique et temporel. Sa résonance est universelle.
Cette édition intégrale bilingue présente la traduction de référence de Yoko Orimo dans une version entièrement révisée de l’édition en huit volumes (2005-2016). Il contient l’ensemble du recueil selon l’ordre de compilation original : l’Ancienne édition en 75 textes compilée par Dôgen lui-même, la Nouvelle édition en 12 textes compilée par son disciple Ejô ainsi que 5 textes supplémentaires.
Lire et étudier le Shôbôgenzô de maître Dôgen est une pratique d’éveil qui ouvre de nombreuses portes. La vraie Loi, Trésor de l’Œil, dans sa traduction française réalisée par Yoko Orimo, permet à chacun d’en faire l’expérience.

https://www.shobogenzo.eu/

Préface de la traductrice
Avant-propos de l’éditeur
Notice

I. Ancienne Édition [Kyûsô 旧草]

A1. Le kôan qui se réalise comme présence [Genjô-kôan 現成公案]
A2. Accomplissement de la grande Sagesse [Maka-hannya-haramitsu 摩訶般若波羅蜜]
A3. La nature de l’Éveillé [Busshô 佛性]
A4. Étude de la Voie au moyen du corps et du cœur [Shinjin-gakudô 身心学道]
A5. Le cœur en tant que tel, voilà l’Éveillé [Sokushin-zebutsu 即身是佛]
A6. La manière majestueuse des éveillés en pratique [Gyôbutsu-igi 行佛威儀]
A7. Une perle claire [Ikka-myôju 一顆明珠]
A8. Le cœur n’est pas à saisir [Shin-fukatoku 心不可得]
A9. Le cœur des anciens éveillés [Kobutsu-shin 古佛心]
A10. Le grand Éveil [Daigo 大悟]
A11. La manière de la méditation assise [Zazen-gi 坐禅儀]
A12. Maximes de la méditation assise [Zazen-shin 坐禅箴]
A13. Recueillement de l’empreinte de l’océan [Kai.in-zanmai 海印三昧]
A14. Fleurs de Vacuité [Kûge 空華]
A15. Claire Lumière [Kômyô 光明]
A16. La pratique maintenue (1 et 2) [Gyôji 行持]
A17. Le tel quel [Inmo 恁麼]
A18. L’être d’Éveil contemplant le son du monde [Kan.non 観音]
A19. Miroir ancien [Kokyô 古鏡]
A20. Le temps qu’il-y-a [Uji 有時]
A21. Annonciation [Juki 授記]
A22. Totalité dynamique [Zenki 全機]
A23. La lune ou la réflexion [Tsuki 都機]
A24. Une galette en tableau [Gabyô 画餅]
A25. La voix des vallées, les formes-couleurs des montagnes [Keisei-sanshoku 渓声山色]
A26. Le fait d’aller au-delà de l’Éveillé [Butsu-kôjôji 佛向上事]
A27. Discourir du rêve au milieu du rêve [Muchû-setsumu 夢中説夢]
A28. Obtenir la moelle en vénérant [Raihai-tokuzui 礼拝得髄]
A29. Sûtra de la montagne et de l’eau [Sansui-kyô 山水経]
A30. Lectures des sûtras [Kankin 看経]
A31. Ne faites pas d’actes mauvais [Shoaku-makusa 諸悪莫作]
A32. Transmission de la robe [Den.e 伝衣]
A33. Parole obtenue [Dôtoku 道得]
A34. L’enseignement de l’Éveillé [Bukkyô 佛教]
A35. Pouvoirs surnaturels [Jinzû 神通]
A36. Arhat [Arakan 阿羅漢]
A37. Printemps et automnes [Shunjû 春秋]
A38. Entrelacement des lianes [Kattô 葛藤]
A39. Actes généalogiques [Shisho 嗣書]
A40. Un chêne [Hakujushi 栢樹子]
A41. Le triple monde, rien que le cœur [Sangai-yuishin 三界唯心]
A42. Discourir du cœur, discourir de la nature [Sesshin-sesshô 説心説性]
A43. L’Aspect réel de la multitude des entités [Shohô-jissô 諸法実相]
A44. La Voie de l’Éveillé [Butsudô 佛道]
A45. Parole secrète [Mitsugo 密語]
A46. Prédication de la Loi faite par l’inanimé [Mujô-seppô 無情説法]
A47. Les sûtras bouddhiques [Bukkyô 佛経]
A48. La nature de la Loi [Hosshô 法性]
A49. Formule détentrice (dhârani) [Dharani 陀羅尼]
A50. Toilette du visage [Senmen 洗面]
A51. Transmission face à face [Menju 面授]
A52. Les éveillés et les patriarches [Busso 佛祖]
A53. Fleurs de prunier [Baika 梅花]
A54. Purification [Senjô 洗浄]
A55. Les dix directions [Jippô 十方]
A56. Voir l’Éveillé [Kenbutsu 見佛]
A57. Pérégrinations [Henzan 遍参]
A58. La prunelle de l’Œil [Ganzei 眼睛]
A59. La vie quotidienne [Kajô 家常]
A60. Les trente-sept préceptes auxiliaires de l’Éveil [Sanjûshichibon-bodai-bunpô 三十七品菩提分法]
A61. Le grondement du dragon [Ryûgin 龍吟]
A62. Quel est le sens de la venue du patriarche Bodhidharma depuis le pays de l’Ouest ? [Soshi-seirai.i 祖師西来意]
A63. Déploiement du cœur de l’Éveil sans au-delà [Hotsu-mujôshin 発無上心]
A64. Fleur d’Udumbara [Udonge 優曇華]
A65. Totalité-corps de l’Ainsi-Venu [Nyorai-zenshin 如来全身]
A66. Le roi du recueillement dans le recueillement [Sanmai-ô-sanmai 三昧王三昧]
A67. La mise en mouvement de la roue de la Loi [Tenbôrin 転法輪]
A68. La grande pratique [Daishugyô 大修行]
A69. Le recueillement qui s’atteste lui-même [Jishô-zanmai 自証三昧]
A70. Le méta-espace [Kokû 虚空]
A71. Le bol à aumônes [Hatsu.u 鉢盂]
A72. Retraite spirituelle [Ango 安居]
A73. Le pouvoir de pénétrer le cœur de l’autre [Tashinzû 他心通]
A74. Le roi à la recherche du saindhava [Ôsaku-sendaba 王索仙陀婆]
A75. Quitter la maison pour devenir moine [Shukke 出家]

II. Nouvelle édition [Shinsô 新草]

N1. La vertu acquise de ceux qui ont quitté la maison [Shukke-kudoku 出家功徳]
N2. Réception des préceptes [Jukai 受戒]
N3. La vertu acquise du kesa [Kesa-kudoku 袈裟功徳]
N4. Déploiement du cœur de l’Éveil [Hotsu-bodaishin 発菩提心]
N5. Offrande à la multitude des éveillés [Kuyô-shobutsu 供養諸佛]
N6. Prise de refuge dans les Trois Joyaux : l’Éveillé, la Loi et la communauté des moines [Kie-buppôsôbô 帰依佛法僧宝]
N7. Profonde foi en la loi de cause à fruit [Jinshin-inga 深信因果]
N8. Les trois temps de rétribution des actes [Sanjigô 三時業]
N9. Les quatre chevaux [Shime 四馬]
N10. Le moine ayant accompli le quatrième stade de la méditation [Shizen-biku 四禅比丘]
N11. Les cent huit portes de la clarté de la Loi [Ippyakuhachi-hômyômon 一百八法明門]
N12. Les huit préceptes de l’homme éveillé [Hachi-dai.ningaku 八大人覚]

III. Cinq textes supplémentaires

S1. Entretiens sur la pratique de la Voie [Bendôwa 弁道話]
S2. Les quatre attributs pratiques de l’être d’Éveil [Bodaisatta-shishôbô 菩提薩埵四摂法]
S3. « Le Lotus, Fleur de la Loi » met en mouvement « Le Lotus, Fleur de la Loi » [Hokke-ten-Hokke 法華転法華]
S4. Naissances et morts [Shôji 生死]
S5. Seul un éveillé avec un éveillé [Yuibutsu-yobutsu 唯佛與佛]

Annexes
Glossaire
Lexique
Repères chronologiques
Liste des personnages
Index des personnages
Liste des sources

AVANT – PROPOS DE L’ÉDITEUR

Le Shôbôgenzô du maître zen japonais Dôgen (1200-1253) a commencé à susciter un intérêt croissant en Occident, d’abord aux États-Unis vers les années 1960 et, en France, à partir des années 1980. 

La présente édition de la traduction intégrale intervient dix-sept années après la publication de la présentation générale de l’œuvre par Yoko Orimo dans son ouvrage intitulé Le Shôbôgenzô de maître Dôgen (Sully, 2003, 2014), préfacé par Pierre Hadot. Ce premier livre contenait une biographie de maître Dôgen, une histoire de la compilation du Shôbôgenzô, auxquelles les lecteurs peuvent se référer, ainsi qu’une présentation détaillée de chaque texte. À l’époque il n’existait en français que des présentations partielles du Shôbôgenzô , avec la traduction de quelques textes, et l’œuvre entière n’était accessible que par les publications anglaises. Pour les lecteurs francophones, et pour nous-mêmes qui avions un intérêt personnel pour l’œuvre de Dôgen, cet ouvrage constituait une avancée considérable. 

Ce fut le point de départ de la publication en huit tomes de l’ensemble des textes (Sully, 2005-2016) traduits, annotés et commentés par Yoko Orimo, qui permit de faire connaître Dôgen à un public francophone plus large que le premier cercle des pratiquants du zen Sôtô et des orientaliste japonisants : philosophes, religieux, scientifiques, écrivains, artistes, poètes ont pu découvrir une œuvre exceptionnelle, dans la forme et dans le fond, qui place le non-dualisme au centre de sa réflexion. Aujourd’hui, nous mesurons le chemin parcouru, et à quel point notre rencontre avec Yoko Orimo fut providentielle et la qualité de son travail inestimable.

Le Shôbôgenzô est une œuvre littéraire, religieuse et philosophique hors du commun. Il est l’expression unique du génie à la fois de son auteur, de l’enseignement bouddhique et de la spécificité japonaise. Considéré comme le cœur de la tradition du bouddhisme zen Sôtô, au côté de la pratique de la méditation assise, il outrepasse tout cadre géographique et temporel : sa résonnance est universelle. La traduction de tels monuments littéraires a toujours constitué, en Occident comme en Orient, un ferment du développement culturel, un élément essentiel de la diffusion des idées et de la foi religieuse. On pense aux textes sacrés, aux traités philosophiques, aux épopées, à tous ces chefs-d’œuvre de la littérature mondiale auxquels appartient le Shôbôgenzô

C’est dans cette perspective que depuis plusieurs décennies les grands textes de la tradition bouddhique sont traduits et deviennent peu à peu disponibles en français : le Canon pali, les sutras et traités du Mayahana, comme le Traité de la grande vertu de sagesse ou le Sûtra du Lotus. La publication de la traduction du Shôbôgenzô s’inscrit dans cette continuité.

 Dans sa préface, Yoko Orimo précise son choix de traduction littérale et en explique avec profondeur les raisons. La qualité de sa traduction réside dans cette grande rigueur philologique mais pas seulement. Yoko Orimo possède une connaissance approfondie de la philosophie dôgenienne avec laquelle elle est en sympathie.  Japonaise d’origine, elle saisit les subtilités de la langue japonaise et de la culture bouddhique. Française d’adoption elle fait preuve d’une grande maîtrise de la langue française et de la pensée occidentale.  Ainsi la traduction ici proposée - tous les textes ont été entièrement révisés pour cette édition – nous permet d’entrer dans l’univers de La vraie Loi, Trésor de lŒil

En outre, les choix de traduction sont indiqués clairement, ce qui est essentiel, soit en notes, soit dans le glossaire. Celui-ci est plus qu’un glossaire mais un véritable dictionnaire des termes dôgeniens et des notions bouddhiques. Les notes indiquent les sources, précisent le contexte, et donnent des éclairages culturels. Une chronologie de la réalisation des textes, une liste et un index des personnages et des sources complètent l’appareil critique.

L’édition en un seul volume suivant l’ordre de compilation original permet des renvois, des recoupements, un cheminement que l’édition en plusieurs tomes ne permettait pas. Nous avons également opté pour une édition bilingue en présentant en page de gauche le texte original de Dôgen. À notre connaissance il n’existe pas d’autre éditions de ce type parmi les différentes éditions intégrales en langue anglaise. Les lecteurs auront ainsi accès au texte original, et même pour ceux qui n’ont aucune connaissance du japonais ou du chinois, la matérialité du texte avec la graphie des kanjis et les hiraganas apporte, nous semble-t-il, une dimension supplémentaire au texte français (la numérotation des paragraphes, pour faciliter la correspondance entre les deux versions, n’existe dans le version originale).

L’édition de cette traduction a été pour nous, au cours des années, l’occasion de nombreuses lectures en suivant le travail minutieux de la traduction, parvenant ainsi à une certaine intimité avec le texte. Le Shôbôgenzô est une œuvre difficile d’accès mais nous pouvons témoigner que sa fréquentation ouvre de nombreuses portes. Lire le Shôbôgenzô de maître Dôgen est une pratique d’éveil. En publiant cette édition intégrale de La vraie Loi, Trésor de l’Œil dans sa traduction française réalisée par Yoko Orimo, nous sommes heureux de permettre à chacun d’en faire l’expérience.

Pierre Crépon

PREFACE

Tout passe, rien ne dure, tout est éphémère. Et pourtant, au milieu des ruines du temple de pierre et du grand édifice de béton, l’humble trace d’encre laissée sur une feuille de papier continue à respirer sa vie en silence, sans faire de bruit. L’insondable mystère qu’une chose si fragile, sans arme ni défense, insignifiante pour ceux qui n’ont pas l’œil, résiste de siècle en siècle à l’épreuve du temps et de l’histoire. C’est pourquoi l’homme consacre des années de sa vie, voire sa vie toute entière à écrire, à lire, à étudier et à méditer pour bâtir et retrouver, avec les livres, sa vraie patrie.

Maître zen japonais Dôgen (1200-1253), lui aussi, consacra presque la moitié de sa vie (de 1231 à 1253, l’année de sa mort) à rédiger et à compiler le recueil Shôbôgenzô. Ce monument littéraire doit avoir à la fois pour contenu et contenant « La vraie Loi, Trésor de l’Œil ». C’est dire que le Shôbôgenzô en tant qu’écriture contient ce monde phénoménal tout entier où règne la vraie Loi [shôbô正法], identique au Trésor de l’Œil [genzô眼蔵]. Ce Trésor de l’Œil est un Trésor qui n’appartient qu’à l’Œil ; il n’a pas d’autre lieu d’existence que l’Œil lui-même, organe de perception.

La présente édition Le Shôbôgenzô, Traduction Intégrale est une édition revue et corrigée des huit tomes publiés de 2005 à 2016 dans lesquels 92 textes du Recueil ont été regroupés selon nos critères thématiques.

Cette édition définitive en un seul volume suit l’ordre de compilation original, non-chronologique de la réalisation des textes, Kyûsô旧草 « Ancienne édition » en 75 textes compilée par Dôgen lui-même et Shinsô新草 « Nouvelle édition » en 12 textes compilée par le premier disciple Ejô après la disparition du maître ainsi que 5 textes supplémentaires.  

Les notes sont réduites au minimum dans cette Intégrale bilingue. Celle-ci forme en fait un ensemble trilogique avec nos deux autres ouvrages : le livre de la présentation générale intitulé Le Shôbôgenzô de maître Dôgen (publié en 2014, Editions Sully-Prunier ; couverture blanche) et un recueil de huit essais d’interprétation intitulé Variations Shôbôgenzô (à paraître également aux Editions Sully-Prunier ; couverture rouge). 

Traduire le texte d’une langue dans une autre est déjà en soi un acte d’interprétation. Plus la distance qui sépare ces deux langues est grande, plus augmentent la difficulté mais aussi la liberté du traducteur. Pour nos travaux consacrés au Shôbôgenzô, nous avons opté, dès le début, pour le principe d’une traduction littérale, et non littéraire. Restant au plus près du texte original, nous avons toujours tenu à respecter la matérialité de ce texte parfois même au risque d’en alourdir les lignes. La répétition du même mot, de la même formule, ce que la langue française n’aime guère, est méticuleusement conservée. Par ailleurs, tout mot ou caractère japonais ou sino-japonais est traduit par un mot français, à quelques exceptions près signalées en bas de page. Notre traduction peut ainsi résisterà l’analyse philologique rigoureuse.

Cela étant, certains lecteurs peuvent se demander pourquoi ce choix délibéré de la traduction littérale, traduction faite au niveau du signifiant, et non du signifié, d’autant que ce choix devient parfois fort contraignant pour la traductrice. Rappelons que le sens du mot ou de l’énoncé est parfois désigné en langue japonaise par le mot « cœur » [kokoroこころ/ shin心]. Dans le domaine scripturaire, ce « cœur » a pour corps l’« image » graphique. Or, dans la pensée bouddhique, le « cœur » est, comme tout existant, dépourvu de nature propre ; il n’existe pas en soi, étant de l’ordre du reflet ou de la résonance qui se produit au sein des relations circonstancielles. Comme la matière prend différentes couleurs suivant son environnement ainsi que l’angle d’où elle est perçue et la nature de la lumière qu’elle reçoit, l’« image » graphique revêt une signification provisoire, appelée le « cœur », au sein de la résonance intertextuelle sans se laisser jamais enfermer au niveau du signifié, c’est-à-dire du « contenu » immédiat et apparent du texte.

Dans l’univers littéraire fondamentalement réflexif du Shôbôgenzô réputé pour sa complexité philosophique hors du commun, c’est comme le « corps » et le « cœur » que la philologie et la métaphysique ne font qu’un. Il en va de même pour l’articulation dynamique entre l’étude scripturaire et la pratique de zazen « la méditation assise ». C’est pourquoi, pour préserver la vie de l’écriture habitée par cette dynamique réflexive du « corps » (l’« image » graphique-signifiant) et du « cœur » (le sens-signifié), pas un seul caractère, pas un seul mot ne peut être négligé ; ils doivent être traduits au sens propre dans toute leur matérialité.

La résonance, source de tout paraître phénoménal, telle la poésie, la mythologie, la Bible ou bien l’Ulysse de Joyce, par exemple, est la vie de l’écriture organiquement conçue. Dans ce type d’écriture, chaque caractère, chaque mot, chaque proposition et chaque phrase sont renvoyés à d’autres, se faisant ainsi écho les uns aux autres au-delà du temps et de l’espace. D’où le sens incommensurable du texte semblable au dévoilement infini de ce monde phénoménal. La Voie en tant que Voie de la résonance fait le lien entre le monde du phénomène et le monde de l’écriture. Ainsi l’écriture donne-t-elle naissance à l’éveillé, et l’éveillé à l’écriture. Le bouddhisme sino-japonais et surtout japonais proclame d’ailleurs que l’inanimé, pourvu du cœur de la résonance comme les plantes et les minéraux, prêche la Loi, la vraie Loi que seul l’Œil de l’Eveillé est capable de voir.

Le Shôbôgenzô est une écriture qui se réfléchit à elle-même, méditant sur ce qu’est l’écriture. En tant que « méta-écriture », l’écriture des écritures, nous invite à appendre à lire les écritures comme la peinture, à voir le monde phénoménal et à interpréter nos vies et nos relations dont chacune n’est autre que le kôan à résoudre. Tel doit être l’Œil du Shôbôgenzô, l’unique « contenu » du recueil, recueil qui n’est autre que cet Œil même.

Notre public découvre et étudie le Shôbôgenzô non dans sa langue originale mais en français, langue de traduction. Or, contrairement aux idées reçues, la traduction n’est nullement conçue chez Dôgen comme un simple moyen pour rendre accessible le texte à ceux qui ne connaissent pas la langue d’origine. Bien qu’il soit érigé au somment de la réflexion philosophique de type spéculatif, le Shôbôgenzô lui-même est en définitive un recueil de commentaires et d’interprétations des corpus originaux en sanscrit déjà traduits en langue chinoise. Le maître ignorait le sanscrit, et ne se souciait guère de le connaître.   

Enfin, au cœur de toute religion se pose la question de la transmission. Celle-ci ne saurait faire l’économie de la « traduction », déjà au niveau du concept et de l’acception du signe à l’intérieur de la même langue. La traduction est un acte de transmission et, réciproquement, la transmission est un acte de traduction. C’est grâce à cette articulation dynamique qui s’opère entre la traduction et la transmission que la spiritualité vivante doit se pratiquer et se réaliser comme présence, ici et maintenant, en perpétuelle évolution et en perpétuelle transformation. L’étude philologique appartient ainsi chez Dôgen au domaine de la pratique. 

Pour que voie le jour ce « Shôbôgenzô, Traduction Intégrale », il m’a fallu trente années de labeur. Mes travaux de publication ont été poursuivis hors du cadre universitaire ; j’ai travaillé pour mon salut par pure nécessité intérieure dont j’ignore l’origine. Loin de l’idée triste d’un sacrifice ou d’un dévouement acharné, cette « pratique » dans le domaine scripturaire m’a en quelque sorte constituée, elle m’a créée, jour après jour, à travers une humble tâche sur le terrain.

Si la matière de ma recherche appartient au Japon, ma patrie, toute ma formation s’est faite en France, cette terre d’accueil à laquelle je dois tant et qui est finalement devenue mon pays. S’il m’est impossible de mentionner tous les noms, je voudrais remercier tout particulièrement Monsieur Jean-Noël Robert, professeur au Collège de France, sous la direction de qui j’ai eu l’honneur d’élaborer ma thèse (de 1989 à 1998 à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes). Je tiens également à ré-exprimer ma profonde et affectueuse reconnaissance au regretté Monsieur Pierre Hadot (1922-2010), professeur honoraire du Collège de France, qui a bien voulu préfacer mon premier ouvrage paru en 2003 et réédité en 2014. Enfin, je remercie vivement Pierre et Brigitte Crépon (Editions Sully-Prunier) de leurs précieux conseils et soutien sans faille qu’ils m’ont témoignés depuis le début de ma carrière éditoriale, et ce jusqu’à aujourd’hui.

« Une fleur éclôt, et le monde se lève ! » Maintenant, l’œuvre s’envole de mes mains pour entrer dans la vie de résonance. 

Août 2019

            Yoko ORIMO

 

La manière de la méditation assise
  Zazengi 
坐禅儀

      Ceci est extrait du livre : Shôbôgenzô, La Vraie Loi, Trésor de l'œil ; Traduction intégrale, tome 6(Ed. Sully 2012) et est mis à disposition sur le blog réalisé dans le cadre des ateliers qui ont lieu en 2012-2013 avec Yoko Orimo au Dojo Zen de Paris et à l'Institut d'Etudes Bouddhistes.

Introduction

          Dans le titre original Zazengi [坐禅儀], le terme zazen [坐禅] « la méditation assise » est suivi par le caractère gi [儀]. Celui-ci, qui désigne « le modèle, la norme, la manière ordonnée », etc., figure également dans le titre Gyôbutsu-igi [行仏威儀] « La manière majestueuse des éveillés en pratique1 ». Comme son titre l’indique, « La manière de la méditation assise » donne, dans un style simple et limpide, des indications pratiques quant à la méditation assise. Il est l’un des textes les plus courts et les plus simples du recueil Shôbôgenzô.

               Outre l’enseignement pratique, le point fondamental de la pratique est exposé, nous semble-t-il, au début et à la fin du texte. Voici le premier verset : « La pratique du zen est la méditation assise [sanzen ha zazen nari 参禅は坐禅なり]. » Voici le dernier : « La méditation assise n’est pas l’apprentissage du zen »  [zazen ha shuzen niha arazu 坐禅は習禅にはあらず]. Elle est la porte de la Loi qui s’ouvre vers la grande félicité [dai.anraku no hômon nari 大安楽の法門なり] ; elle est la pratique de l’Éveil sans souillure [Fuzen.na no shushô nari 不染汚の修証なり]. » L’essentiel est de bien distinguer le sens du terme sanzen [参禅] « la pratique du zen » et celui du terme shuzen [習禅] « l’apprentissage du zen ». Contrairement à ce dernier, la pratique du zen – ici identifiée au terme zazen [坐禅] – est une pratique qui ne doit être soumise à aucune finalité extérieure en tant que « moyen » d’obtenir quelque chose. C’est une pratique qui a son fondement et sa finalité à l’intérieur d’elle-même. C’est pourquoi elle est « sans souillure » [fuzen.na 不染汚], parfaitement libre et autonome. Ainsi, à l’encontre de l’idée dualiste, la pratique du zen ne s’oppose-t-elle à rien mais, bien au contraire, elle doit englober tous les mouvements de notre vie quotidienne ainsi que toutes les activités de ce monde.

               Signalons que, dans l’Ancienne édition du recueil, « La manière de la méditation assise » [Zazengi 坐禅儀] est classé juste avant son texte jumeau : « Maximes de la méditation assise » [Zazenshin 坐禅箴]2. Celui-ci est un exposé spéculatif de grande envergure qui témoigne du sommet qu’a atteint la réflexion de Dôgen dans les années 1242-1243. Quoique fort contrastés, ces deux textes jumeaux furent exposés l’un après l’autre, dans le même lieu, le même mois de la même année. Ils évoquent également le même kôan de Yakusan Igen, kôan célébrissime qui gravite autour du terme fu-shiryô « la non-pensée 不思量 » et hi-shiryô « ce qui n’est pas de l’ordre de la pensée 非思量 »3.

               « La manière de la méditation assise » [Zazengi坐禅儀] fut exposé en hiver au onzième mois de la première année de l’ère Kangen (1243), année du lapin, au temple Yoshimine-shôja4 de la province d’Etsu. Il est classé onzième texte de l’Ancienne édition.

NOTES

  1. In ShôbôgenzôLa vraie Loi, Trésor de l’Œil, traduction intégrale, tome 5, p. 39-74.
  2. In ShôbôgenzôLa vraie Loi, Trésor de l’Œil, traduction intégrale, tome 1, p.21-47.
  3. Voir Glossaire : « Pensée, ce qui n’est pas de l’ordre de la pensée, non-pensée [shiryô 思量 / hishiryô 非思量/ fushiryô 不思量].
  4. Le temple Yoshimine fut le premier lieu de séjour de Dôgen à son arrivée dans la province d’Echizen. D’après la Chronique de Kenzei [Kenzei ki] – biographie de Dôgen compilée vers 1472 par Kenzei, le quatorzième patriarche du temple de la Paix éternelle [Eihei-ji永平寺] –, il y séjourna jusqu’au 7 du sixième mois de la deuxième année de l’ère Kangen (1244). Dans les vestiges du temple Yoshimine se trouve actuellement le temple Kippô-ji, construit par Busshin Tanaka à l’époque Meiji (1868-1912). « Kippô 吉峰 » est la lecture chinoise [on 音] du même nom propre « Yoshimine 吉峰 », lecture japonaise [kun 訓], qui veut dire le « pic de bon augure » ou le « pic d’heureux auspices »

 Texte

                La pratique du zen1 est la méditation assise.

               Pour la méditation assise, choisissez un endroit calme. Le tapis2 doit être épais. Ne laissez entrer ni le vent ni la fumée ; ne laissez pénétrer ni la pluie ni la rosée. Protégez bien le sol où vous mettez votre corps. Jadis, (l’Éveillé-Shâkyamuni) s’assit sur le siège de diamant3, et d’autres s’assirent sur une banquette de pierre. Ils s’assirent tous sur une épaisse couche d’herbe. L’endroit où vous êtes assis doit être bien éclairé ; il ne faut pas qu’il y fasse sombre, ni jour, ni nuit. La chaleur pour l’hiver et la fraîcheur pour l’été, voilà l’art4 de la méditation assise.

               Quittez la multitude des liens de ce monde et arrêtez toutes vos activités ; faites le repos total. Ne pensez ni le bien ni le mal5. Cela ne regarde ni le cœur, ni le mental, ni la conscience6 ; cela ne regarde ni la mémoire, ni la représentation, ni la contemplation7. N’ayez pas le dessein8 de faire de vous un éveillé, mais dépouillez-vous de l’idée d’être assis ou couché.

               Évitez les excès de nourriture et de boisson. Prenez garde au temps qui s’envole. Aimez la méditation assise de façon pressante comme si vous éteigniez les étincelles qui tombent sur votre tête. Goso (Hô.en) du mont des Pruniers jaunes n’avait pas d’autres occupations que la méditation assise, à laquelle il s’adonnait.

               Au moment de la méditation assise, portez la robe de l’Éveillé. Asseyez-vous sur un coussin. Asseyez-vous sur la partie arrière de vos jambes croisées. Ainsi le dessous de vos jambes croisées touche-t-il le tapis, tandis que votre coccyx repose sur le coussin. Telle est la méthode selon laquelle les éveillés et les patriarches s’asseyent au moment de la méditation assise.

               On s’assied ou bien dans la posture de demi-lotus [hanka-fuza], ou bien en lotus complet [kekka-fuza]. Dans la kekka-fuza, on pose le pied droit sur la cuisse gauche, puis le pied gauche sur la cuisse droite. La pointe de chaque pied doit se trouver à la hauteur des cuisses, ni plus ni moins élevée que celles-ci. Dans la hanka-fuza, on pose seulement le pied gauche sur la cuisse droite.

               Ajustez la robe de l’Éveillé et le koromo9 pour qu’ils soient larges et bien droits. Posez la main droite sur le pied gauche, puis la main gauche sur la main droite. Les pointes de vos deux pouces s’appuient l’une contre l’autre. Mettez vos mains ainsi disposées près du corps, et la pointe de vos pouces joints contre le nombril.

               Tenez-vous assis, le buste bien droit. Ne vous penchez ni à gauche ni à droite, ni vers l’avant ni vers l’arrière. Alignez toujours les oreilles et les épaules, le nez et le nombril. Mettez la langue contre le palais. Respirez par le nez. Les lèvres et les dents doivent se toucher. Les yeux doivent être ouverts ; ne les écarquillez pas ni ne les plissez. Lorsque le corps et le cœur sont ainsi bien régulés, expirez fortement.

               En restant immobile, assis sur le sol, on pense la non-pensée*. Comment peut-on penser la non-pensée ? C’est dans ce qui n’est pas de l’ordre de la pensée10. Voilà la méthode et l’art11 de la méditation assise.

               La méditation assise n’est pas l’apprentissage du zen12. C’est la porte de la Loi qui s’ouvre vers la grande félicité ; c’est la pratique de l’Éveil sans souillure13.

« La manière de la méditation assise » [Zazengi 坐禅儀]

Texte n° 11 de La vraie Loi, Trésor de l’Œil [Shôbôgenzô] 

Exposé en hiver au onzième mois de la première année de l’ère Kangen (1243), année du lapin, au temple Yoshimine-shôja14 de la préfecture de Yoshida de la province d’Etsu.

NOTES

  1. Dans le terme orignal 参禅 [sanzen], que nous avons traduit par la « pratique du zen », le mot 禅 [zen] est précédé par le caractère 参 [san] qui veut dire « se réunir, se rassembler, s’associer, se joindre » et aussi « se rendre, (se) rencontrer ». Ainsi la « pratique du zen » [sanzen] englobe-t-elle la dimension collective et communautaire de la pratique et signifie, dans son sens plénier, « pratiquer la méditation assise [zazen] auprès du maître – qu’on a rencontré – et, également, au milieu de l’assemblée ». Selon la terminologie dogénienne, le terme sanzen, identifié ici tout simplement au terme 坐禅 [zazen], est à bien distinguer du terme 習禅 [shuzen], « exercice du dhyâna ». Voir note 12.
  2. Le terme original employé ici est 坐蓐 [zaniku], autrement appelé 坐蒲団 [zafuton]. D’habitude, on met celui-ci au-dessous du coussin 坐蒲 [zafu].
  3. 金剛坐 [kongôza] « le siège de diamant, skr.vajra-âsana », autrement appelé le « trône de trésor », désigne l’herbe sur laquelle l’Éveillé-Shâkyamuni était assis lors de sa réalisation de l’Éveil au pied d’un pippal (l’arbre de l’Éveil, skr. bodhi-druma).
  4. Le caractère sino-japonais 術 [jutsu/sube], que nous avons traduit littéralement par l’« art », peut être traduit par la « technique ».
  5. Rappelons que la méditation assise, en tant que pratique du non-dualisme* par excellence, se situe au-delà de la distinction dualiste du bien et du mal. Par ailleurs, afin de ne pas alourdir la tournure de la phrase, nous avons traduit ici par « ne pas penser » la célébrissime expression 不思量 [fushiryô], qui se répète deux fois dans la phrase originale en langue sino-japonaise. La voici : « 善也不思量なり [zen ya fushiryô nari], 悪也不思量なり [aku ya fushiryô nari]. » Vers la fin du texte reviendra le terme fushiryô dans son sens plénier, allant alors de pair avec l’autre célébrissime terme 非思量 [hishiryô] « non-pensée ». Cf. Glossaire : « Pensée 思量, ce qui n’est pas de l’ordre de la pensée 非思量, non-pensée 不思量 ».
  6. Le terme composé « 心 [shin] (skr. citta), 意 [i] (skr. manas), 識 [shiki] (skr. vijnâna) » désigne l’ensemble de nos facultés cognitives ; dans le bouddhisme primitif, on ne distinguait guère ces trois mots qui composaient ensemble un seul terme.
  7. 念 [nen] « mémoire », 想 [sô] « représentation », 観 [kan] « contemplation ».
  8. Le caractère 図 [zu], que nous avons traduit par le « dessein », est repris et développé dans le texte n° 12 坐禅箴 [Zazenshin] « Maximes de la méditation assise », in le Shôbôgenzô, tome 1, p. 21-47.
  9. Le terme original 衣衫 [esan] désigne à la fois 袈裟 [kesa] « la robe de l’Éveillé » et 直裰 [jikitotsu], autrement appelé ころも/衣 [koromo] : le vêtement que le moine porte sous la robe de l’Éveillé.
  10. Citation implicite de la parole de Yakusan (Yaoshan) tirée du Recueil de la transmission de la lampe de l’ère Keitoku, livre 14, chapitre « Yakusan ». Cf. « Maximes de la méditation assise » [Zazenshin 坐禅箴].
  11. C’est le caractère 法 [hô] que nous avons traduit ici par la « méthode ». Le mot 術 [jutsu] « art » figure tout au début du texte. Voir note 4.
  12. Contrairement à la « pratique du zen » 参禅 [sanzen], l’« apprentissage du zen » 習禅 [shuzen] est un zen pratiqué en tant que moyen d’obtenir l’Éveil ou l’état d’Éveillé, etc. Celui-ci, qui est un zen « souillé », fait contraste avec les derniers mots du texte, « la pratique de l’Éveil sans souillure » – voir la note suivante.              
  13. La pratique de l’Éveil sans souillure 不染汚の修証 [fuzenna no shushô] est l’un des concepts fondamentaux dans la pensée de Dôgen. L’expression figure initialement dans le dialogue entre Nangaku Ejô (Nanyue Huairang, 677-744) et le sixième patriarche chinois Daikan Enô (Dajian Huineng, 638-713) : « (…) Nangaku dit : “La pratique de l’Éveil n’est pas inexistante. Seulement, il ne faut pas la souiller.” Enô dit : “Cette non-souillure n’est autre que le vœu que fait la multitude des éveillés. Toi aussi, tu es tel quel ; moi aussi, je suis tel quel. La multitude des patriarches sous le ciel de l’ouest (l’Inde) est aussi telle quelle.” » (Recueil de la vaste lampe de l’ère Tenshô, livre 8 ; Textes choisis des lampes de l’école, livre 4.)            
  14. Sur 吉峰精舎 le temple Yoshimine, voir Introduction