Terebess
Asia Online (TAO)
Index
Home
正岡子規 Masaoka Shiki (1867-1902)
Le dernier portrait de Shiki, le 24 décembre 1900. Photo: 正岡明 Masaoka Akira
Haïkus de Shiki
Traduit par Daniel Py de la version anglaise de R.H.Blyth
https://haicourtoujours.wordpress.com/?s=blyth+shiki
akikaze ya . ikite aimiru . nare to ware
le vent d'automne souffle;
nous sommes vivants et nous pouvons nous voir,
toi et moi
uma no o ni . busshô ari ya . aki no kaze
la queue d'un cheval
a-t-elle la nature de Bouddha ?
vent d'automne
yûkaze ya . shiro-bara no hana . mina ugoku
dans la brise d'automne
tremblent toutes
les roses blanches
kotsuzumi no . tana yori otsuru . nowaki kana
avec la tempête d'automne,
le petit tambour
tombe de son étagère
nowaki no yo . fumi yomu kokoro . sadamarazu
tempête nocturne d'automne :
lisant un livre,
l'esprit agité, inquiet
kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana
comme le jour tombe,
la tempête se renforce :
inquiet
kokorobosoku . nowaki no tsunoru . higure kana
malheureux, impuissant ;
la tempête d'automne se renforce
comme le soir commence à tomber
kono nowaki . sara ni yamubeku mo . nakarikeri
cette tempête d'automne
qui se renforce
ne s'arrêtera pas !
kyôran no . nowaki aritaki . waga omoi
ah, que mes pensées
puissent avoir la frénésie
de ce vent « qui-divise-les-champs » !
ie ko nari . tsuki ochikakaru . kusa no ue
une maison seule ;
la lune décline
sur les herbes
aki harete . mono no kemuri no . sora ni iru
beau jour d'automne
une fumée de quelque part
s'élève dans le ciel
shii no ki wo . karitaoshikeri . aki no soro
ayant abattu
un pasania,
le ciel de l'automne !
ki ni yoreba . edaha mabara ni . hoshizukiyo
m'appuyant au tronc,
branches et feuilles rares :
une nuit étoilée
zendera no . mon wo izureba . hoshizukiyo
sortant par la grande porte
d'un temple zen –
nuit étoilée
katagawa wa . yama ni kakaru ya . ama-no-gawa
un bout pendant
au-dessus de la montagne :
la voie lactée !
sammon wo . gii to tozasu ya . aki no kure
fermant la porte du grand temple :
grincement !
ce soir d'automne
tsuki mo ari . kigiku shiragiku . kururu aki
la lune
et les chrysanthèmes blancs et jaunes
– fin de l'automne
hitomoseba . hi ni chikara nashi . aki no kure
allumant la lampe,
sa lueur est faible –
soir d'automne
tonde kuru . yoso no ochiba ya . kururu aki
feuilles tombantes
volant de quelque part :
l'automne s'achève
nagaki yo wo tsuki toru saru no shian kana
longue nuit –
le singe se demande comment
attraper la lune
nagaki yo ya . shôji no soto wo . tomoshi yuku
longue nuit ;
une lumière à l'extérieur
longe le shôji
nagaki yo ya . chitose no nochi wo . kangaeru
la longue nuit :
je pense
à dans mille ans
nagaki yo ya . kômei shisuru . sangokushi
la longue nuit :
lisant L'Histoire des Trois Royaumes *
jusqu'à la mort de Kôme
kasubana wo . egaku nikka ya . aki ni iru
entrant dans l'automne,
peindre des plantes fleuries :
une tâche quotidienne
byônin ni . hachijûgo-do no . zansho kana
pour l'homme malade
une « chaleur persistante d'été »
de 85 degrés
tsugi no ma no . tomoshi mo kiete . yosamu kana
la lumière dans la chambre voisine
s'éteint aussi ;
nuit froide
asazamu ya . kozô hogaraka ni . kyô wo yomu
froid matinal ;
l'acolyte entonne le soutra
avec entrain
ôdera ni . hitori yadokaru . yosamu kana
logeant seul
dans un grand temple ;
nuit froide
kobôzu no . hitori kane tsuku . yosamu kana
l'acolyte
sonne lui-même la cloche du temple ;
soirée froide
ôdera no . tomoshi sukunaki . yosamu kana
dans le grand temple
peu de lumières ;
la nuit est froide
sumadera no . mon wo sugiyuku . yosamu kana
passant devant
la porte du temple de Suma,
le soir est froid
yaya samumi . hi ni yoru mushi mo . nakarikeri
il fait plus froid
aucun insecte
ne s'approche de la lampe
yûkaze ya . shirobara no hana . mina ugoku
dans la brise du soir
les roses blanches
bougent toutes
togadera ya . mizakura ochite . hito mo nashi
temple de Toga ;
les fleurs de cerisiers restent à terre,
personne.
yûgao ni . miyako namari no . onna kana
un liseron vespéral
et une fille
parlant le dialecte de Kyôto
hirugao no . hana ni kawaku ya . tôriame
la pluie passagère
sèche
sur la fleur de convolvulus
tori naite . yama shizuka nari . natsuwarabi
un oiseau chante,
la montagne se calme ;
fougère d'été
natsugusa ya . saga ni bijin no . haka ôshi
herbes d'été à Saga ;
nombreuses sont les tombes
des belles femmes !
hasu no hana . sakuya sabishiki . teishajô
gare de chemin de fer
solitaire :
des lotus fleurissent
keshi saite . sono hi no kaze ni . chiri ni keri
un coquelicot fleurit
et dans le vent de ce jour
s'effeuilla et tomba
shirobotan . aru yo no tsuki ni . kuzurekeri
pivoine blanche ;
sous la lune, un soir,
s'effrita et tomba
hebi nigete . yama shizuka nari . yuri no hana
le serpent se sauve,
la montagne est silencieuse :
cette fleur de lys !
yane hikuki . monookigoya ya . kiri no hana
le toit bas
du hangar ;
fleurs de paulownia
kiri no hana . saku ya miyako no . furuyashiki
paulownias en fleurs ;
vieux manoirs
de la capitale
nikkô no . furuki yadoya ya . kiri no hana
vieilles auberges
de Nikkô ;
paulownias en fleurs
shiro-ato ya . mugi no hatake no . kiri no hana
les ruines d'un château ;
fleurs de paulownia
dans un champ d'orge
bara wo kaku . hana wa yasashiku . ha wa kataki
roses :
les fleurs, faciles à peindre,
les feuilles, difficiles
bara wo miru . me no tsurake ya . yamiagari
après la maladie,
regardant les roses,
mes yeux fatigués
tokoknoma no . botan no yami ya . hototogisu
obscurité de l'alcôve
où se trouvent les pivoines ;
un coucou chante
nashi saku ya . ikusa no ato no . kuzure-ie
près d'une maison effondrée
un poirier fleurit;
ici eut lieu une bataille
na-no-hana no . ko-mura yutaka ni . miyuru kana
Comme ce semble un riche village,
là, au milieu
des fleurs de colza !
na-no-hana ya . kinren hikaru . montodera
des fleurs de colza
et des lotus dorés brillent
da ns un temple Shin
na-no-hana ya . achira kochira ni . shichi-dai-ji
fleurs de colza;
les sept Grands Temples *
lointains et proches
* à Nara.
yûzuki ya . ume chirikakaru . koto no ue
lune du soir –
des fleurs de prunier tombent
sur le luth
hitoeda wa . kusuri no bin ni . ume no hana
un des rameaux
de fleurs de prunier
dans la fiole médicinale
ume yasete . mugi wa mabara nari . yabubatake
le prunier en désordre,
l'orge fin et rare :
un champ dans les futaies
fune to kishi . yanagi hedatsuru . wakare kana
dans notre adieu
entre bateau et rive
s'en vient le saule
tori naite . akaki ko-no-mi wo . koboshikeri
des oiseaux chantent
et font tomber
des baies rouges
hitotsu ochite . futatsu ochitaru . tsubaki kana
un tombe –
deux tombent –
camélias
nagare ezaru . mizu no yodomi no . tsubaki kana
dans le marigot,
l'eau qui ne pouvait s'écouler ;
des camélias
yanagi ari . funematsu ushi no . nisanbiki
un saule –
et deux ou trois vaches
attendant le bateau
kishi kuzurete . kouwo tamarinu . kawayanagi
où la falaise s'est affaissée
des petits poissons s'assemblent
sous le saule de la rivière
hashi ochite . ushiro samushiki . yanagi kana
le pont est tombé;
sous le saule,
il fait seul
machi-naka wo . ogawa nagaruru . yanagi kana
un cours d'eau
traversant la ville
et les saules tout du long
massugu ni . horiwari tôki . yanagi kana
dans la distance
la ligne droite du canal
et les saules
ômon ya . yanagi kabutte . hi wo tomosu
allumant les lampes
de la Grande Porte,
un saule au-dessus de lui
shigohon no . yanagi torimaku . koie kana
quatre ou cinq saules
entourant
une petite maison
chôchô ya . junrei no ko . okuregachi
papillons ;
l'enfant des pèlerins
a tendance à traîner
michizure wa . kochô wo tanomu . tabiji kana
pour compagnon ce jour
j'aurais volontiers
un papillon !
ishi ni neru chô . hakumei no ware wo . yumemuran
papillon assis sur la pierre,
tu rêveras
de ma triste vie
tsurigane ni . tomarite hikaru . hotaru kana
sur la cloche du temple
luit
une luciole
osoroshi ya . ishigaki kuzusu . neko no koi
comme c'est terrible !
ils ont cassé le mur de pierre
les chats amoureux !
kaki ni kite . suzume oya yobu . koe sewashi
venant à la barrière
la maman moineau appelle
d'une voix insistante
nureashi de . suzume no ariku . rôka kana
le moineau sautille
le long de la véranda,
pattes mouillées
kumo no mine . narabete hikushi . umi no hate
les nuages houleux
empilés bas le long
de la ligne lointaine de la mer
uwabami no . sumu numa karete . kumo no mine
nuages surplombant
un marais asséché
où loge un python
ho no ôki . orandasen ya . kumo no mine
un navire hollandais
aux nombreuses voiles;
les nuages moutonnants
natsuarashi . kijô no hakushi . tobi-tsukusu
un vent de tempête estival;
les papiers blancs du bureau
tous envolés
sunahama ya . nani ni hi wo taku . natsu no tsuki
la plage de sable –
pourquoi font-ils un feu
sous la lune d'été ?
samidare ni . hito ite fune no . kemuri kana
les pluies d'été –
quelqu'un dans le bateau,
de la fumée s'élève
mijikayo no . tomoshibi nokoru . minato kana
nuit courte :
des lumières encore
dans le port
waga inochi . ikubaku ka aru . yo mijikashi
ma vie :
combien en reste-t-il ?
la nuit est courte
andon no . kienu mijikayo . yoji wo utsu
la lampe de nuit pas encore éteinte,
quatre heures –
la nuit courte
suzushisa ya . andon kiete . mizu no oto
la lumière de la nuit s'éteint;
le bruit de l'eau :
fraîcheur
suzushisa ya . shii no uraha wo . fukikae shi
Fraîcheur !
Les feuilles du pasania
soufflées par le vent
suzushisa ya . heike horobishi . nami no oto
fraîcheur :
dans le bruit des vagues
la défaite des Heike !
tsuribashi ni . midarete suzushi . ame no ashi
au-dessus du pont suspendu
confuses
les lignes de la pluie fraîche
nozoku me ni . issennen no . kaze suzushi
dans l'oeil qui voit
mille ans de vent
sont frais
doko mite mo . suzushi kami no hi . hotoke no hi
partout où nous regardons, c'est frais,
avec les lampes des Bouddhas,
les lampes des Dieux
daibutsu ni . harawata no naki . suzushisa yo
le Grand Bouddha :
sa fraîcheur
impitoyable !
yaseuma no . shiri narabetaru . atsusa kana
chevaux minces,
leurs postérieurs tous alignés –
quelle chaleur !
kuwa tatete . atari hito naki . atsusa kana
une houe debout là
personne en vue –
quelle chaleur !
otoko bakari no . naka ni onna no . atsusa kana
rien que des hommes;
et une seule femme ici –
qu'elle a chaud !
amagaya ni . hizakana no niou . atsusa kana
dans la maison du pêcheur,
l'odeur de poisson séché
et la chaleur !
zunzun to . natsu wo nagasu ya . mogagigawa
comme elle emporte rapidement
l'été,
la rivière Mogami !
suzushisa ya . aota no naka ni . hitotsu matsu
sa fraîcheur
au milieu d'un champ vert de riz :
un seul pin !
shima areba . matsu ari kaze no . oto suzushi
des pins sur chaque île ;
le bruit du vent
est frais
no mo yama mo . nurete suzushiki . yoake kana
champs et montagnes
trempés de pluie –
une aube fraîche
mihotoke ni . shiri muke ireba . tsuki suzushi
tournant le dos au Bouddha,
que le clair de lune
est frais !
suzushisa ya . matsu hainoboru . ame no kani
fraîcheur :
un crabe escalade un pin
sous la pluie
suzushisa ya . matsu no hagoshi no . hokake-bune
fraîcheur –
à travers les aiguilles de pin,
des voiliers
suzushisa ya . ishidôrô no . ana no umi
fraîcheur –
à travers la vitre de la lanterne de pierre,
la mer
rokugatsu no . umi miyuru nari . tera no zô
les bouddhas du temple;
au loin,
la mer de juin
umabae no . kasa wo hanarenu . atsusa kana
les mouches du cheval
ne quittent pas mon kasa;
quelle chaleur !
atsukurushi . midaregokoro ya . rai wo kiku
chaleur oppressante ;
mon esprit tourbillonnant,
j'écoute les coups de tonnerre
yûdachi ni . utaruru koi no . atama kana
averse d'été;
la pluie frappe
la tête de la carpe
yoku mireba . kiuri no tsubomi ya . kusa no naka
regardant soigneusement –
les bourgeons d'une fleur de concombre
dans l'herbe
murusaki no . yûyama tsutsuji . ie mo nashi
violettes les montagnes du soir,
les azalées ;
pas une maison en vue
kufû shite . hana ni rampu wo . tsurushi keri
quel mal me suis-je donné
pour suspendre la lampe
sur la branche en fleurs !
tsurigane no . kumo ni nuretaru . sakura kana
des fleurs de cerisiers,
mouillées par les nuages
autour de la cloche du temple
ware yande . sakura ni omou . koto ôshi
les fleurs de cerisiers :
malade, combien de souvenirs
elles me rappellent !
hana saite . omoidasu hito . mina tôshi
fleurs de cerisiers épanouies ;
ceux dont je me souviens
sont tous au loin
ushi tsunde wataru kobune ya yû-shigure
Un taureau à son bord,
Un petit bateau franchit la rivière
Dans la pluie du soir.
nashi saku ya ikusa no ato no kuzure-ie
Près d'une maison en ruine
Un poirier est en fleur ;
Ici eut lieu une bataille.
yuagari ya . chibusa fukaruru . hashisuzumi
sortant du bain
le vent souffle sur les seins ;
prenant le frais sur la véranda
hoshi no na wo . yoku shiru hito ya . kadosuzumi
prenant le frais à la barrière,
un homme connaissant bien
le nom des étoiles
aru hito no . heiku-biiki ya . yûsuzumi
prenant le frais du soir –
un homme
partisan des Heike
waka ni yase . haiku ni yaseru . natsu otoko
un homme cet été
maigrit à cause des waka
et des haiku !
natsu yase no . hone ni todomaru . inochi kana
maigreur d'été;
ma vie sauvée
par mes os
amagoi ya . ten ni hibike to . utsu taiko
prières pour la pluie :
élevez-vous jusqu'au ciel,
tambours battant !
tomozuna ni . kani no ko narabu . oyogi kana
nageant tout autour,
petits crabes alignés
sur l'haussière
hito mo nashi . ko hitori netaru . kaya no naka
personne –
un enfant endormi
dans la moustiquaire
kimi wo okurite . omou koto ari . kaya ni naku
Vous disant adieu,
j'eus des pensées douloureuses,
et pleurai sous la moustiquaire
nikai kara . yanebune maneku . uchiwa kana
D'en haut, faisant signe
à une péniche,
l'éventail
ôkaze no . niwaka ni okoru . nobori kana
Un grand vent
s'éleva soudain –
la bannière !
amagumo wo . sasou arashi no . nobori kana
tirant sur les nuages de pluie –
la bannière
de la tempête !
yamazato ni . kumo uchiharau . nobori kana
dans le village de montagne
balayant les nuages –
les carpes de papier
nobori tatete . arashi no hoshiki . hi narikeri
hissant la bannière,
un jour où nous souhaitions
des rafales de vent
nobori tateru . jinka wa tôshi . dai-garan
les bannières hissées au-dessus des habitations
sont lointaines –
la grande abbaye
nishiki kite . ushi no ase-kaku . matsuri-kana
vêtu de brocart
le taureau sue
pendant le festival
fuwa-fuwa to . naki rei koko ni . kite suzume
venez ici vous rafraîchir,
tremblants, tremblants
esprits des morts
kanemochi mo . kuma mo kite nomu . shimizu kana
Des millionnaires
viennent boire de cette eau claire,
et des ours
sanmon ya . aota no naka no . namiki-matsu
la Grande Porte du temple –
au milieu du champ de riz,
une avenue de pins
taezu hito . ikou natsuno no . ishi hitotsu
l'un après l'autre
les gens pausent sur cette pierre
sur la lande d'été
hikuki ki ni . uma tsunagitaru . natsuno kana
un cheval attaché
à un arbre bas
sur la lande d'été
natsukawa ya . uma tsunagitaru . hashibashira
rivière d'été ;
un cheval attaché
au pilier du pont
natsukawa ya . hashi aredo uma . mizu wo yuku
rivière d'été –
il y a un pont
mais le cheval traverse à gué
bajô yori . tazuna yurumeru . shimizu kana
à cheval
je détendis les rênes –
l'eau claire !
natsukawa ya . chûryû ni shite . kaerimiru
rivière d'été –
à mi-courant,
regardant derrière
inazuma ya . mori no sukima ni . mizu wo mitari
un éclair d'orage ;
entre les arbres de la forêt
l'eau apparaît
chôchin de . daibutsu miru ya . hototogisu
avec une lanterne,
je regardais le Grand Bouddha :
un hototogisu chanta
enten ni . kiku wo yashinau . aruji kana
au soleil brûlant,
le maître chérit
ses chrysanthèmes
ie no naki . hito niman-nin . natsu no tsuki
Le Grand Incendie de Takaoka
vingt mille personnes
sans toit –
la lune d'été
uma orite . kawa no na toeba . aki no kaze
descendant de cheval,
je demande le nom de la rivière –
le vent d'automne
akikaze ya . ikite aimiru . nare to ware
le vent d'automne souffle;
nous sommes vivants et nous pouvons nous voir,
toi et moi
uma no o ni . busshô ari ya . aki no kaze
la queue d'un cheval
a-t-elle la nature de Bouddha ?
vent d'automne
kumo wo fumi . kasumi wo suuya . age-hibari
les alouettes s'élèvent
marchant sur les nuages,
respirant la brume
semi naku ya . gyôzui-doki no . tôfu-uri
une cigale chante ;
prenant un bain en plein air,
l'appel du vendeur de fromages de soja
yamadera ya . hirune no ibiki . hototogisu
temple de montagne ;
ronflements des siestes de l'après-midi –
la voix de l'hototogisu
kumo mushin . nanzan no shita . hatake utsu
les nuages distants,
il cultive le champ
sous les montagnes du sud
nawashiro ya . tanzakugata to . shikishigata
les plants de riz :
le rectangle d'un tanzaku ,
le carré d'un shikishi
« Un tanzaku est une bande de papier rigide utilisé pour écrire des poèmes. Un shikishi est un carré de papier épais pour les peintures (…) » (R.H. Blyth).
nawashiro ya . kohebi no wataru . yûhikage
sortant dans le jardin
j'ai planté quelques graines,
convalescent
ôbune no . shiri nozokitaru . shohi kana
regardant
le haut d'un grand bateau
à marée basse
hi wo totte . ame no tsugiki wo . miru yo kana
prenant une lampe
pour aller voir l'arbre enté
dans la pluie du soir
meisho to mo . shirade hata utsu . otoko kana
ne sachant pas
que c'est un lieu célèbre,
un homme binant le champ
hi ichi-nichi . onaji tokoro ni . hatake utsu
tout le jour
cultivant le champ
au même endroit
hitomoseba . hina ni kage ari . hitotsuzutsu
allumant la lampe –
les ombres des poupées
une chacune
nan to iu . tori ka shiranedo . ume no eda
j'ignore
de quel oiseau il s'agit –
mais le poudroiement des fleurs de pêcher !
yuki nokoru . itadaki hitotsu . kunizakai
sur un des pics
de la frontière,
la neige reste
daibutsu no . katahada no yuki . toke ni keri
La neige a fondu
sur une épaule
du Grand Bouddha
yukidoke ni . uma hanachitaru . buraku kana
avec la fonte des neiges
le village libère
les poneys
sazanami ni . toketaru ike no . kôri kana
les vaguelettes
font fondre
la glace du lac
hashi fumeba . uo shizumikeri . haru no mizu
piétinant sur le pont,
les poissons disparaissent au fond :
l'eau du printemps !
hitooke no . ai nagashikeri . haru no kawa
un tonneau d'indigo
versé qui flotte :
la rivière au printemps
kusakago wo . oite hitonashi . haru no yama
un panier d'herbes,
et personne –
montagnes de printemps
kairô ya . tesuri ni narabu . haru no yama
rangées le long
de la rampe autour du corridor
les montagnes de printemps
haru no yama . kasanari ôte . mina marushi
montagnes de printemps
s'élevant toutes si rondes
l'une au-dessus de l'autre
natsuyama wo . rôka-zutai no . ideyu kana
à la source chaude
le long du corridor,
les montagnes d'été
haru no no ya . nani ni hito yuki . hito kaeru
des gens viennent, des gens vont
sur la lande printanière –
je me demande pourquoi
shimajima ni . hi wo tomoshikeri . haru no umi
les lampes allumées
sur les îles proches et lointaines :
mer de printemps
samidare ni . hito ite fune no . kemuri kana
quelqu'un est là ;
fumée d'un bateau
dans la pluie d'été
fune to kishi to . hanashi shite iru . hinaga kana
longue journée !
le bateau parle
avec la rive
harusame ya . kasa sashite miru . ezôshiya
pluie de printemps ;
tenant leurs parapluies et regardant
les livres d'images dans le magasin
harukaze ni . o wo hirogetaru . kujaku kana
le faisan
déploie sa queue
dans la brise du printemps
kunpû ya . senzan no midori . tera hitotsu
douce brise,
et dans le vert de mille collines,
un seul temple
sanzen no . haiku wo kemishi . kaki futatsu
examinant
trois mille haïku ;
deux kakis
koshibai no . nobori nurekeri . haru no ame
spectacle itinérant :
banderole trempée
sous la pluie de printemps
kaerimireba . yuki-aishi hito . kasumi keri
me retournant,
l'homme croisé,
perdu dans la brume
ôbune no . kobune hikiyuku . kasumi kana
un gros bateau
tirant un petit bateau
dans la brume
ushi-beya no . ushi no unari ya . oborozuki
meuglement de la vache
dans l'étable
sous la lune brumeuse
izakaya no . kenka mushidasu . oborozuki
la querelle dans le débit de vins
reprend,
sous la lune brumeuse
onna oute . kawa watarikeri . oborozuki
portant une fille
pour traverser la rivière;
la lune brumeuse
kagerô ya . ume chirikakaru . ishi no ue
vagues de chaleur;
les pétales du prunier en voletant
descendent sur les pierres
kagerô ya . konogoro dekishi . koishi-michi
vagues de chaleur
du sentier de gravier
récent
kagerô ya . sanzen gen no . ie no ato
(Du grand incendie de Kanda)
les vagues de chaleur
des ruines
de trois mille maisons
kasumi keri . yama kie-usete . tô hitotsu
il s'embrume,
les montagnes s'estompent et disparaîssent :
un seul stupa
yaseuma wo kazaritatetaru hatsuni kana
premier fardeau de l'année ;
les décorations
sur le cheval émacié
ume sagete shinnen no gyokei môshikeri
À ma main une branche de fleurs de prunier,
j'ai prononcé les compliments
du Jour de l'An
shinnen no hitsugi ni ainu yonaka goro
Je rencontrai un cercueil
à minuit,
le jour de l'an
ganjitsu wo tenchi wagô no hajime kana
Jour du Nouvel An :
Début de l'harmonie
du Ciel et de la Terre
ganjitsu wa ze mo hi mo nakute shujô nari
Jour de l'An ;
rien de bon ni de mauvais –
seulement des êtres humains.
akatsuki ya u-kago ni nemuru u no yatsure
lueur de l'aube ;
dans le panier, les cormorans
endormis, épuisés
tokoro dokoro shika no kao dasu shigemi kana
Çà et là
un cerf montre sa gueule
à travers les sous-bois
tsuridoko ni irihi mori kuru shigemi kana
Le soleil du soir
filtre à travers les sous-bois
jusqu'au lit suspendu
mejirushi no kyûboku shigeru komura kana
les grands arbres
poussant ensemble près du petit village :
un repère
yamabushi no hora fuki tatsuru shigeri kana
Le yamabushi
souffle dans sa conque
au milieu des sous-bois
uekiya wa kitarazu niwa no shigemi kana
Le jardinier ne vient pas ;
le jardin pas entretenu
est tout sauvage
hashira nimo narade shigerinu gohyaku-nen
ils ont prospéré
pendant cinq cents ans –
mais ne sont pas devenu des postes
hito sumanu kochû no shima no shigeri kana
sur une île du lac
inhabitée,
la frondaison est dense
ichimon wa mina shii goi no shigeri kana
L'arbre familial –
tous ceux de la quatrième, de la cinquième génération
sont florissants
haka no ki wa shigerinu tamaya kusaru ran
les arbres près des tombes sont envahissants ;
les esprits des morts et l'autel
peuvent bien pourrir ici
tengu sunde ono irashimezu ki no shigeri
Nul ne doit utiliser la hache
où les arbres sont denses –
un lutin à long nez y habite.
Ni-mon nagete tera no en karu suzumi kana
Jetant quelques pièces
je pris le frais
sur la vérandah du temple