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Julien
Vocance
(1878-1954)
Pseudonyme de Joseph Seguin. Poète et collectionneur d'art fasciné par le Japon. Licencié en droit et en lettres, diplômé de l'École des Chartes, de l'École du Louvre et de Sciences-Po
Le livre des Haï-Kaï
©
Reproduction interdite sans le consentement de
Mme Geneviève Seguin Besson (la fille unique du poète)
“Cent
visions de guerre”,
1916
Les
Cent
visions de guerre
furent composées au front, dans la boue des tranchées, où le poète
perdit l'oeil gauche.
Les cadavres
entre les tranchées,
Depuis trois mois noircissant,
Ont attrapé la pelade.
Rumeurs de veuves,
d'orphelins,
Bourdonnantes, comme un essaim,
Sur ces pauvres corps déteints.
Sur son chariot
mal graissé,
L'obus très haut, pas pressé,
Au-dessus de nous a passé.
Par petits paquets,
En éventail autour de lui,
Sa chair a jailli.
Malaise de toute
la chair
Où, dans un instant, peut entrer
La mitraille proche.
Gris fer, gris
plomb, gris cendré,
Gris dans les coeurs résignés :
Relève des tranchées.
Pour arriver
jusqu'à ma peau
Les balles ne pourraient jamais
Se débrouiller dans mes lainages.
Dans sa flanelle
Ses ongles vont, picorant
Les petites bêtes.
Il a lu la lettre
de l'écolière,
Il a bien regardé son nom,
Il a dit que ça n'était pas pour lui.
Dans les vertèbres
Du cheval mal enfoui
Mon pied fait : floche...
Dans un trou
du sol, la nuit,
En face d'une armée immense,
Deux hommes.
Le guetteur
avancé trébuche
Sur un cadavre verdissant.
Brusque repli vers la tranchée
Hier sifflant
aux oreilles,
Aujourd'hui dans le képi,
Demain dans la tête
La mort dans
le coeur,
L'épouvante dans les yeux,
Il se sont élancés de la tranchée.
Avec la terre
Leurs corps célèbrent des noces
Sanglantes.
Parmi ces débris,
ramassez
Ce qui peut être encore utilisé.
Vous laisserez le reste.
Sous les uniformes
délavés
Qui gardent les plis dans la chute,
Des tas de cendre se forment par place.
Front troué,
sanglé dans la toile de tente,
Sur son épaule un camarade l'emporte :
Triste viande abattue... qu'une mère attend.
Couleuvres acides,
Lancées dans la nuit,
Perdues dans les vignes...
Ferraille aiguë.
Tympan fourbu.
Maisons perdues.
Une belle lueur
!...
Les mains aux paupières
Pour se protéger.
Préparés
pour les sarcophages,
De blanc tout emmaillotés:
Ni mains, ni pieds, ni visage.
Les blessés
sur les brancards
Attendent sagement leur tour
D'entrer dans la cage aux fauves.
Bonne comme
ses yeux, douce comme sa voix,
Souple, sûre, sa main panse;
Elle pense, je crois.
Ils ont des
yeux luisants
De santé, de jeunesse, d'espoir...
Ils ont des yeux de verre.
Les rafales
de nos canons
D'une ville a l'horizon
Allument la vision brève
Ma tête
à peine rentrée,
Un moustique siffle soudain
La crête de terre s'éboule.
Voici venir
la nuit, si douce naguère.
Trouées de brusques lueurs,
Les ombres de la mort étreignent.
Terrés
dans nos cagnas,
L'ouragan tournoyant de fer
Ne nous atteindra pas.
Quatre trombes
de fumée noire,
Dont tout le sol est ébranlé !
Où tombera la prochaine bordée ?
Retenu par le
poids du sac, à la renverse
Sur la pente gluante,
Il gigote, hanneton comique et pitoyable.
L'entonnoir
creusé par la mine
Se prolonge dans les sapins
Dont les cassures flamboient.
Pansements durcis,
Vêtements flétris,
Visages fermés.
Des croix de
bois blanc
Surgissent du sol,
Chaque jour, ça et là.
Je l'ai reçu
dans la fesse
Toi dans l'oeil
Tu es un héros, moi guère
Un trou d'obus
Dans
son eau
A
gardé tout le ciel
La mort a creusé
sans doute
Ces gigantesques sillons
Dont les graines sont des hommes.
Sentir
Que tout l'être s'effondre
Dans la faim, le froid et la peur.
En plein sur
les travailleurs,
La lumière du projecteur
Les fait se jeter à terre.
Par la fatigue
écrasés,
Ils ont les poses écroulées
Des cadavres de la plaine.
Dans la terre
battue,
Le brun tourbillon
Des obus roulant comme des gosses.
Sur le moulin
-
Lama qui s'irrite,
Un 77 souffle ses crachats.
Terrés
dans nos cagnas
L'ouragan tournoyant de fer
Ne nous atteindra guère.
De grand pans
de mur blafard,
Les hommes ont le cafard:
Vision lunaire.
Des arrivages
de chair,
Bien fraîche,
toute préparée,
Pour cette nuit sont signalés.
Soldat des tranchées,
Homme des bois,
Gorille originel.
Le teint fleuri,
Le ventre déboutonné:
Cuisinier des officiers.
Au ras des tranchées,
Les éclats de chat en colère
Des Minenwerfer.
Petite fille
au bras fauché,
Pourquoi jouais-tu ainsi?...
Tu pouvais être mienne...
Fleur qui respirait
la lumière,
Son oeil gît,
La gorge tranchée.
Au petit jour,
Ils avalent goulûment
La soupe froide.
C'est ici vraiment
le royaume des ombres
Errant á tátons
Dans l'éternelle nuit.
Ça bombarde,
ça bombarde.
Mais nous tenons tellement peu de place,
Et le monde est si grand!
Une mitrailleuse
ensanglantée,
Avant de mourir a déployé
Son évantail de cadavres.
On ne t'enterrera,
combattant
Que pour que ta charogne n'empoisonne pas
Les vivant.
Dans ses yeux
déjà voilés
L'affreux souvenir a passé
De la femme et des petiots...
Faces fauchées,
mufles exsangues,
Chair horrifique et pitoyable,
Que jamais plus des mains de femme n'aimeront.
Echappé
de la lutte sanglante,
Sous la lampe du soir
Me réfugier près de toi.
Guerriers farouches!
Leur coeur chavire
Devant un bobo de gosse.
Vieux briscard,
Aux champs retiré,
Mais que l'après-guerre lamine.
Il s'assit,
Genoux au menton
Dans une encognure de porte.
Deux levées
de terre,
Deux réseaux de fil de fer:
Deux civilisations.
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Art poétique
Nouveau Samaritain
Penché sur sa bicyclette du prochain
En panne.
La chenille
au bout du fil
Remonte de promenade
A la force des poignets.
Chevaux sans
défense:
Le taureau fonçait...
De tendres roses fleurissaient.
Dégagé
de la chair
Ne conserve
Que l'os médullaire.
Tes nains,
Vélasquez,
Plus beaux que tes princes!
Au marché
du langage,
Ailes de papillons,
Vais-je vous vendre au poids?
Tant pis si
mon écureuil
Te lance, en fait d'ambroisie,
Cette noisette moisie.
Le faiseur de
haï-kaï
Réfléchira par le monde
Le divin, l'humain, l'immonde...
Au balancement
de tes hanches,
Je retrouve, en plus condensé,
La musique de mes pensées.
Un métier
délicat!
Surprendre
La pensée à l'état naissant.
Retrouver,
Aux plus simples choses,
Des parcelles d'éternité!
Espérer,
Le soir,
Se pencher sur l'Aube d'un monde.
A l'aube du
monde et des langues,
Dans la brousse originelle,
Ebats des voyelles.
D'un regard
assez aiguisé
On verrait tournoyer le monde
Dans une goutte de rosée.
Maman,
Pourquoi son coeur
Bat-il dans sa tête?
... Et toi,
Douce simplicité, ma soeur,
Aux yeux ardents!
Dans les châtaigniers
De soleil baignés
Le petit sentier de montagne.
Rassurés
par ce soleil
Les bourgeons craqintifs
Ons entrouvert leurs volets.
En plein jour
dans la prairie
La voie lactée:
Marguerites de prés.
Amoureux,
Le ciel
Fait la roue.
Les eaux se
répandent.
Des filles étendent
Le linge blanchi.
Jeunes filles
Qui se rhabillent,
Lumineuses après le bain.
Ah! pour les
épaules étroites
Du plus doux de ces oisillons
Planter là Bashô et Buson!
Double tache
vermillon
Ta bouche est un papillon,
Tes deux sourcils hirondelles...
Envolés
mes songes!
Le passage d'un papillon
Me replonge dans dans réel.
Là-bas, comme
accroché
Au flanc d'un mont,
Un petit lac plombé...
Silence et fraîcheur,
Un plongeon. L'éclair
D'un martin-pêcheur.
Les herbes à
la godille
Pour remonter le courant:
Le vieux pont roussi les regarde.
Lavandieres
du clair ruisseau,
Vous saluez de la main
Le voyageur de première.
A travers les
fûts des pins,
Là-bas, tout au fond
De petits toits bruns...
Sur cette échancrure,
Le bout de la lune
Qui vient se poser.
La cendre du
soir,
Et le bout d'un nez rose
Au-dessous des roseaux.
Dans l'auberge
du Bon Dieu,
A ceux qui ont froid on offre le feu
Des lucioles.
L'ombre des
sapins
La lune laiteuse,
Et de lunineuses écailles de pin.
Sous un ciel
d'étoiles,
A mi-voix, sur un air d'Asie,
Un joueur de flûte chantait.
Des vapeurs
s'éveillent.
Les sauges fripées sommeillent.
Une aube trempée...
Sur les champs
étales
Qui luisent de pluie
Des lièvres détalent...
Des paquets
de mer
Ont franchi la digue:
Par-dessus le mur le lierre déborde.
Ce taureau noir,
comme il éclaire
Le mur d'ocre!
Rose tendre
et vert pistache,
Ruelles pour petits ânes
Chargés de paniers de fruits.
Il ne voit plus
le paysage...
A la barrière de la gare
Une jeune fille boitait.
Ménagères,
Jamais pressées,
Qui reniflent la marchandise...
Ouvrières,
Au fond des cours,
Buste infléchi vers la lumière.
Dans une pièce
enfumée
Quatre scribes faméliques
Se disputent trois dicciers...
Fin de travail:
Le tumulte de la cité,
Le silence des âmes.
En traversant
la ruelle,
Le chat soupçonneux
A des souvenirs de jungle...
Du cheval tombé
Les flancs qui halètent
Fument sous la pluie.
Le bobo
Du bébé
A remué cinq étages.
Elle cousait
sous la lampe,
L'enfant potelé dormait...
Je n'ai pas su comprendre...
---------------------------------------
Au cirque
Matinée
à Médrano:
Dans une attente joyeuse
L'immense cirque pépie.
Dans des satins,
des lumières,
Et des bouffées de crottin,
Voici venir l'écuyère:
Avec ses écailles
lie de vin
Et son sourire camin,
Une livrée verte la présente.
Des galops égaux
Au-dessous de sauts
Crevant des cerceaux.
*
Sur les joues
des soufflet se plaquent,
Les corps chutent en claquant le bois...
Les tout petits se cachent.
Le clown a déclanché
des rires frénétiques:
Il fit, en s'asseyant, fuser
Un air léger de musique.
*
L'acrobate
Ne peut plus
Dégager sa vertèbre.
Après le «tour»
Son visage se crispe:
II sourit.
*
Comme une balle
élastique,
Projeté par le tapis,
Il bondit, bondit, bondit.
Dans des splendeurs
voltaïques
Tourbillonnent des corps ailés...
Au-dessus d'un grand filet.
*
Après ces éblouissements
Nous ramenons, dans la nuit noire,
Le désespoir de nos enfants.
Moineaux, vos
manèges
Vont changer la neige
En podre de riz!...
Des flaques
fangeuses.
Des pieds qui pataugent.
Déjà le dégel...
Mai 1916.
---------------------------------------
AU MAITRE TAKAHAMA KYOSHI
Que vois-tu,
derrière la toile
Que parfois soulève le vent? -
J'entands un clapotis d'étoiles.
DE TAKAHAMA KYOSHI
Sous la lanterne
japonaise
D'une nuit printanière
Les amis du haï-kaï causaient.
---------------------------------------
Sur le sable
qui crissotte,
Ses petits pieds trottent,
Trottent menu, menu.
Comme le derrière
dun macaque
Les fesses du nouveau-né
Rougeoient.
Sous la lune,
Vers ses roseux
Un poète, en manteau de paille.
Le poète
japonais
Essuie son couteau:
Cette fois léloquence est morte.
Chaud comme
une caille
Quon tient dans le creux de la main,
Naissance du haï-kaï.
Evoque, suggère.
En trois lignes
Montre-moi ce masque impassible,
Mais toute la douleur par-dessous.
Démontés
après la fête
Les
petits chevaux de bois
Se
serrent l'un contre l'autre.
--------------------------------
[28
haïkaïs par Julien Vocance]
Le Haïkaï Français
Bibliographie et Anthologie par René Maublanc
Le pampre, no. 10/11, 1923, pp. 1-62.
Le
Poète
japonais
Essuie son couteau :
Cette fois l'éloquence est morte.
1921.
Evoque,
suggère.
En trois lignes
Montre-moi ce masque impassible,
Mais toute la douleur par-dessous.
1921.
L'acrobate
Ne peut plus
Dégager sa vertèbre.
Mai 1916.
Après
le «tour»
Son visage se crispe:
II sourit.
Mai 1916.
Le
bobo
Du bébé
A remué cinq étages.
1917.
Des
paquets de mer ont franchi la digue:
Par-dessus le mur
Le lierre déborde.
Horizons:
Dômes de nuages
Et les peupliers minarets.
En
plein jour dans la prairie
La voie lactée.
Marguerites des près.
Caïmans
de la route,
Gueule ouverte dans l'ombre,
Des troncs de noyers.
Les
herbes à
la godille
Pour remonter le courant:
Le vieux pont roussi les regarde.
Dans
un trou du sol, la nuit,
En face d'une armée immense,
Deux hommes.
1916.
Une
mitrailleuse ensanglantée,
Avant de mourir, a déployé
Son éventail de cadavres.
1917.
Des
arrivages de chair,
Bien fraîche, toute préparée,
Pour cette nuit sont signalés.
1917.
Je
l'ai reçu dans la fesse,
Toi dans l'oeil.
Tu es un héros, moi guère.
1916.
Hier
sifflant aux oreilles,
Aujourd'hui dans le képi,
Demain dans la tête.
1916.
Le
jour de la victoire!
Un défilé de veuves et de bambins en noir,
Et la foule étouffant sous les airs triomphant...
1917.
Tout
le jour tu te lamentes, tu gémis...
De grâce, tais-toi?
On ne te demande pas de donner ta vie...
1917.
Sous
mon cou, j'aperçois comme un lichen grisâtre.
Son rire reste cristallin.
Je vieillis... Si nous vieillissons!
1917.
Le
doux bambin qu'on nous avait prêté
Ne jouera plus, sur le sable du jardin,
Il est remonté au pays des rêves...
---------------------------------------
VINCENNES, 14 JUILLET 1917
Porteurs
de Messieurs sanglés,
Daumonts et landaux
Ont rapidement gagné les emplacements marqués.
Béquiliant ci, tortillant là,
Voici venir, écume et lie,
Les émincés, les raccourcis, dans des vêtements
gris.
Faces fauchées, mufles exsangues,
Chair horrifique et pitoyable,
Que jamais plus des mains de femmes n'aimeront.
Hier: Les clairons aux ardents appels...
Puis les roulements funèbres
des tambours...
Race qui dresses ta face aux trompettes de Josaphat!
Ta hampe, ô drapeau, cravatée de sang!...
Une angoisse étreint nos coeurs et les rompt...
Quels cris va pousser ce peuple oppressé?...
L'écoulement des baïonnettes,
pluie d'orage,
Et la foule tourbillonnant sur leur passage
Comme des feuilles dans le vent.
Je croyais voir défiler des fantômes.
Ombres de ceux qui ne sont plus,
Tous ils portaient au front le sceau fatal...
Dans les grands chars automobiles
Chantant, chantant à
pleins couplets,
Est-ce de vin, ou de fatigue, ou de gloire qu'ils sont grises?
Puis vous repartirez plus légers vers la mort;
Car il te faut encore saigner par tous leurs corps,
O France, ô mon pays saignant par les cinq plaies.
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Julien
Vocance (1878-1954)
Bibliographie
Julien
Vocance, “Cent visions de guerre”,
La Grande Revue, Mai 1916, pp. 424-435.
Julien
Vocance, “Fantômes d’hier et d’aujourd’hui”,
La Grande Revue, Mai 1917, pp. 475-484.
Julien Vocance,
Au cirque,
(onze haï-kaïs),
La Nouvelle Revue Française,
a. VII. n. 84, 1° septembre 1920. pp. 333-334.
Julien
Vocance, Art poétique,
La Connaissance, Juin 1921, pp. 489-491.
Le
Haïkaï Français,
Bibliographie et Anthologie par René Maublanc
[28
haïkaïs par Julien Vocance]
Le pampre, no. 10/11, 1923, pp. 1-62.
Julien Vocance, Le livre des Haï-Kaï.
Bibliothèque du hérisson.
Paris : Société française d'éditions littéraires et techniques, 1937. 158 p.
Julien
Vocance, Le livre des Haï-Kaï; le héron huppé: poèmes,
Paris: les Compagnons du livre, 1983, 157 p.
Julien
Vocance ou l'oiseau de la mélancolie,
par Chantal Viart,
S.l, s.n., 1995.
Julien
Vocance, Clapotis d'étoiles:
cent haïkus choisis et présentés par Patrick Blanche
Montélimar: Voix d'encre, 1996, 60 p.
Julien
Vocance: un haïjin lyonnais,
présenté par Jacques Bruyas,
Lyon: J. André, 1998, 45 p.
Julien Vocance:
Des haïku à propos de la guerre de 14-18
par Alain Kervern (France)
http://www.tempslibres.org/tl/fr/action/vocance.html
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Paris, le 4 mai 1924
Cher grand poète,
Vous avez porté le haïkaï français aux sommets de la poésie. Vous en avez fait l'instrument de la sincerité absolue, de la substance pure, de la note essentielle et criante. Et vous y avez enfermé le plus pur dictame du coeur. Quelle surprise et quel ravissement pour moi de voir naître un genre poétique si nu, si neuf et si haut! Et de penser que c'est sur une graine folle apportée par moi du Japon, que cet épi dru a poussé!
Vous êtes un maître. Vous avez créé quelque chose d'inconnu. Les japonais se sont servis du haïkaï pour exprimer les plus ineffables méditations bouddhiques et les plus subtils aspects de la nature. Il vous était réservé de montrer qu'il peut être la plus parfaite expression du lyrisme intérieur.
Soyez loué et soyez remercié!